La loi contre l'habitat indigne promulguée !

Habitat

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Plus de moyens d’agir, faciliter la rénovation des copropriétés et renforcer la lutte contre les marchands de sommeil.

Ce mardi 9 avril, la loi contre l’habitat dégradé a été promulguée ! Le texte législatif reprend en majeure partie les propositions formulées par le président de Plaine Commune et maire de Saint-Denis Mathieu Hanotin, et de la maire de Mulhouse Michèle Lutz, tous deux au centre d'une mission nationale pour accélérer la lutte contre l'habitat indigne.

Le 23 octobre dernier, Mathieu Hanotin et Michèle Lutz remettaient au ministre alors chargé du logement Patrice Vergriete, aujourd’hui remplacé par Guillaume Kasbarian, leur rapport contenant 24 pistes pour accélérer la résorption de l’habitat indigne. Le projet de loi dont il est issu vient d’être adopté, reprenant en très grande partie leurs conclusions. Ainsi, la majeure partie des propositions de portée législative ont été  reprises dans cette loi visant des interventions plus précoces des pouvoirs publics à chaque fois que c’est nécessaire.

Avec 13 000 logements concernés (sur les 105 000 estimés en Ile-de-France et 420 000 en France métropolitaine), Plaine Commune est un territoire directement touché par l'habitat dégradé.  Priorité du mandat de Mathieu Hanotin en tant que président de l'Etablissement Public Territorial et maire de Saint-Denis, la lutte contre ce fléau trouve désormais un prolongement à l'échelle nationale avec la mise en place de nouveaux dispositifs et l'amélioration de ceux déjà existants.

« Nous nous félicitons d’une telle reprise des propositions de ce rapport et sommes persuadés que les choses vont changer pour le mieux en positionnant la lutte contre l'habitat indigne comme motif d'intérêt général »

Mathieu Hanotin, Président de Plaine Commune et maire de Saint-Denis

 

Les 24 propositions du rapport, qu’elles soient d’ordre législatif, réglementaire, juridique ou financier, ont rencontré au niveau national une adhésion à la hauteur des enjeux de santé et de sécurité des habitants. Parmi 15 propositions de portée législative, 12 sont aujourd’hui reprises dans le Projet de loi du Sénat autour de 4 grands axes :

Renforcer la capacité à agir de la puissance publique

Dans certains cas, la puissance publique est contrainte de se rendre propriétaire et d’acquérir le foncier, seule issue possible à la réhabilitation des immeubles. La loi prévoit donc la création d’un droit d’expropriation des immeubles insalubres ou dangereux permettant une intervention accélérée dès les premiers signes d’une dégradation de l’immeuble, en amont des effondrements et des situations d’insalubrité irrémédiables

La nouvelle législation sécurise et élargit l'expropriation réalisée sur le fondement de la « loi Vivien » (procédures de déclaration d’utilité publique) et l’étend aux locaux commerciaux. Elle offre également la possibilité aux collectivités de récupérer la propriété des immeubles confisqués par la Justice, dans l’objectif d’y développer un projet d’utilité publique ou la production de logements dans un objectif de mixité sociale.

Intensifier l’action des acteurs de l’habitat privé

Lutter contre l’habitat indigne, c’est aussi donner les moyens aux acteurs de l’habitat privé de pouvoir faire mieux de manière autonome. La nouvelle législation institue un innovant statut de syndic d’intérêt collectif, désormais compétent pour gérer les copropriétés sous administration judiciaire. L’établissement d’un diagnostic structurel du bâtiment peut désormais être rendu obligatoire par les maires dans certains secteurs.

Il s’agit aussi de faciliter l’accès aux aides publiques pour les travaux de copropriétés, notamment dégradées, et la prolongation du « dispositif Denormandie », une aide fiscale destinée à favoriser l’investissement privé dans l’habitat locatif ancien, et ainsi encourager sa rénovation.

 

Renforcement de l’accompagnement et de la protection des habitants

Parce que le logement n’est pas un bien comme les autres, le droit au logement est un droit essentiel. Mieux protéger les habitants permet de  garantir un meilleur équilibre entre les droits et obligations de chacun, notamment des propriétaires bailleurs. Il est notamment désormais obligatoire pour le propriétaire de reloger définitivement des locataires mis à l’abri dans le cadre d’évacuation d’immeubles insalubres ou dangereux, lorsqu’il n’a pas réalisé les travaux prescrits dans un arrêté pris au titre de la police de la sécurité et de la salubrité des immeubles. Dorénavant, les maires pourront également prononcer directement les amendes relatives aux infractions au « permis de louer ».

Lutte contre les marchands de sommeil

Afin que l’habitat indigne ne constitue plus une source de profit des marchands de sommeil, la loi à leur égard se durcit. Il s’agit d’abord de renforcer la lutte contre les divisions pavillonnaires illicites (division d’une construction en plusieurs logements), les maires peuvent dorénavant faire réaliser d’office des mesures prescrites oufaire démolir des ouvrages en infraction avec la réglementation de l’urbanisme. Il est également en leur pouvoir de refuser le « permis de louer » d’un projet de collocation à baux multiples, en appliquant, non plus au logement mais à chaque colocataire, des normes de décence renforcées.

Quant aux mesures de répression, les sanctions pénales à l’encontre des « marchands de sommeil » sont renforcées, prévoyant : de 5 à 7 ans d’emprisonnement, de 150 000 à 200 000 euros d’amendes et l’interdiction d’acquérir un bien locatif pendant une durée de 10 à 15 ans, pour les marchands de sommeil condamné sur des faits de soumission de personne vulnérable à des conditions d’habitat indigne. Une nouvelle peine d’un an d’emprisonnement et de 20 000 euros d’amende est également établie à l’encontre des bailleurs indélicats refusant d’établir un bail ou des quittances à leurs locataires.